Lettre d'information juillet 2022
/« Résidence principale, semi-principale ou secondaire ? »
Source « Les Echos »
Le télétravail à l'épreuve de la fiscalité ! En mars 2022, 21 % des salariés ont travaillé au moins une fois à distance, 63 % des télétravailleurs y ont eu recours un ou deux jours par semaine et même 23 % ont télétravaillé trois à quatre jours par semaine. Or, en permettant aux salariés de travailler loin de leur entreprise, le télétravail développe un nouveau marché immobilier, celui de la résidence dite semi-principale, c'est-à-dire une maison, le plus souvent à la campagne ou en bord de mer, que les citadins peuvent rejoindre facilement afin d'y passer leurs journées télétravaillées.
Pas d'existence juridique
« Il n'y a aucune définition juridique de la résidence semi-principale », rappelle Arlette Darmon, notaire à Paris. Une résidence semi-principale est soit considérée comme principale, soit comme secondaire, sachant que selon le Code général des impôts « une même personne ne peut détenir simultanément plusieurs résidences principales ».
Conséquences fiscales
Fiscalement, les règles d'imposition diffèrent d'un statut à un autre. En matière d'impôt sur le revenu (IR), la plus-value tirée de la vente d'une résidence principale n'est pas imposée. A l'inverse, les gains issus de la cession d'une résidence secondaire sont taxés, après abattements pour durée de détention, au taux de 19 % auquel il faut ajouter les prélèvements sociaux de 17,2 %. Pour être exonérée de ces deux prélèvements, la résidence secondaire doit être détenue depuis au moins 30 ans
S'agissant de l'impôt sur la fortune immobilière (IFI) , seule la résidence principale bénéficie d'un abattement de 30 % sur sa valeur vénale. Enfin, la nature du bien est aussi importante du point de vue de la fiscalité locale. Par exemple, la suppression de la taxe d'habitation ne vise que la résidence principale, les propriétaires d'une résidence secondaire y restent assujettis de plein droit.
Un faux choix
Dans les faits, une résidence principale désigne, « le logement dans lequel le contribuable réside habituellement et effectivement avec sa famille ». Lorsque le contribuable exerce une profession qui l'oblige à de fréquents déplacements », il s'agit du « logement dans lequel sa famille réside en permanence », dispose ainsi le Bulletin Officiel des finances publiques. « Le lieu de scolarisation des enfants est le premier critère regardé par les inspecteurs des impôts », souligne Arlette Darmon. En l'absence d'enfants ou si ceux-ci sont en pension, ils regardent aussi par exemple, le lieu de domiciliation des comptes bancaires, les contrats d'assurance, l'assurance habitation, les factures de téléphone, d'électricité, de gaz, d'eau, le lieu où vous déclarez vos revenus… »
Imposition séparée
Il demeure toutefois une exception potentielle permettant à un couple marié d'avoir deux résidences principales : obtenir une imposition séparée. Hors divorce, l'article 6 du Code général des impôts ouvre cette possibilité aux couples « lorsqu'ils sont séparés de biens et ne vivent pas sous le même toit », une situation qui peut se présenter du fait de l'augmentation du télétravail.
Les concubins n'étant ni mariés, ni pacsés restent également indépendants juridiquement et peuvent donc avoir chacun leur résidence principale. En revanche, les concubins notoires doivent remplir une déclaration d'IFI commune. Et s'ils disposent chacun d'une résidence principale, l'abattement de 30 % n'est alors applicable qu'à un seul des biens, dispose l'article 973 du Code général des impôts. Le second sera imposé comme une résidence secondaire, sans abattement.
N’hésitez pas à solliciter vos Conseils pour effectuer les choix les mieux adaptés à votre situation.