Lettre d'information Janvier 2015 : "Le dépaysement total en matière de crédit"
/Chez nos voisins d’Europe du nord, en particulier le Danemark et la Suède, le niveau d’endettement a atteint des proportions inimaginables depuis la France.
En 2013, l’encours de crédit immobilier par habitant s’élevait à 49 600 € au Danemark et 27 600 € en Suède (contre 13 400 € en France). Par ménage propriétaire, l’encours monte à 184 900 € au Danemark et 81 500 € en Suède (pour 49 600 € en France).
Enfin, les encours représentaient 225 % du revenu disponible brut des ménages danois et 119 % de celui des Suédois (63 % pour les Français).
Les montants semblent démesurés. Comment des économies réputées solides peuvent-elles assumer de tels niveaux d’endettement ?
L’innovation réglementaire des pouvoirs publics danois et suédois, côté offre, constitue la première explication du phénomène.
- 55 % des crédits danois et 70 % des crédits suédois sont « non-amortis » : le ménage ne paye mensuellement que les intérêts du prêt et rembourse la totalité du principal à la dernière échéance. Les propriétaires endettés peuvent donc miser sur la revente de leur bien pour rembourser leur crédit ;
- Le recours à des taux variables est particulièrement courant : 75 % des crédits danois et 46 % des suédois (95 % en Finlande) ;
- Enfin, particularité majeure du marché suédois, la durée des emprunts peut courir surplusieurs générations. En mars 2013, l’Inspection du secteur financier suédois révélait que les emprunts sûrs étaient remboursés en moyenne au bout de… 140 ans ! Les héritiers finissant d’assumer les crédits de leurs généreux parents.
Côté demande, les facteurs sont culturels et macro-économiques.
- L’âge de départ du foyer familial est le plus bas d’Europe (avec moins de 5 % des 25-34 ans vivant chez leurs parents contre plus de 40 % en Europe de l’est et du sud), ce qui incite à s’endetter plus et plus tôt pour devenir propriétaire ;
- Les ménages danois et suédois semblent aussi avoir une « préférence pour la dette » audétriment de l’épargne. En effet, les encours de crédit à la consommation sont eux aussi les plus élevés d’Europe. Cette préférence s’explique notamment par la faiblesse du taux de chômage (entre 2000 et 2014, 5,5 % de moyenne au Danemark et 7,1 % en Suède) ;
- Les prix de l’immobilier ont en revanche un impact secondaire sur les encours. Le prix aum² de la transaction moyenne dans le neuf était en 2013 de 1 900 € au Danemark (3 100 € à Copenhague) contre 3 900 € en France (8 600 € à Paris) quand l’encours par ménage propriétaire était 3,5 fois plus élevé au Danemark qu’en France.
Par Nicolas Bouzou et Charles-Antoine Schwerer
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